[MàJ : 30-10-2006]
Mopisland Studio
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>>> You hear what you see_You see what you hear / 2006
Texte paru dans les revues AC.C / Copyright
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Ils ne pratiquent pas de sport, car pour eux la compétition ne se situe pas à ce niveau.
Nous assistons à un spectacle. Celui d'une représentation de la souffrance, voir une représentation dansée de la douleur.
Les gestes sont excessifs et surjoués (le dixième de leurs efforts suffirait pour y voir surgir un vainqueur).
La technique n'intervient qu'à dose homéopathique, aussi ici l'attention est mise au service du spectateur.
Afin de prolonger le combat les émotions du public, son sentiment d'humanité, sont filtrées pour mieux
lui faire ressentir sa propre fragilité.
À terre, prêt à succomber à tout instant, le personnage communique sa détresse face à l'impuissance naturelle du public.
Ce que l'on aperçoit, les yeux à demi cachés derrière nos mains, devient alors intolérable car rien ne peut lui venir en aide. À part lui-même.
Il nous fait vivre son propre dépassement. Le salaud est invincible, rien ne fera justice... Il est hideux jusqu'à étaler dans sa chair
les caractères de l'ignobles. organiquement répugnant. Il se sert de sa laideur pour signifier sa bassesse, entièrement concentrée dans et
par son corps afin de se présenter comme un viande morte, un être déshumanisé. La foule se lève, elle s'oppose à cette barbarie gratuite
qu'elle n'ose penser envers elle. Elle n'espère qu'une chose, qu'un geste purificateur réponde aux actes de ce personnage à l'essence nauséabonde.
Ses trahisons, ses cruautés et ses lâchetés ne me décevront pas. La première image que j'ai est de l'ordre de l'ignoble. De sa bassesse,
il en tire une capacité de fondre son corps, de l'étirer, de le rendre malléable par la sueur qui le recouvre. Il devient une animal,
une pieuvre... affichant par avance, par son costume et ses attitudes, le contenu de son rôle.
Il triomphe d'un rictus ignoble, sous son pied le visage de son adversaire.
Le sourire suffisant, l'oeil en coin l'autre frappe le sol encore et encore pour signifier l'injustice de sa situation.
Ces explications épisodiques introduisent les scènes à venir, elles nous mettent en condition afin de porter l'intention
à son maximum d'évidence. Ce salaud est un homme imprévisible qui se réfugie derrière la Loi quand il juge qu'elle lui est
propice et la trahit dès qu'elle à le dos tourné. Ceci pour mieux la réclamer dans son bon droit la seconde suivante...
Le public le déteste, froissé dans sa logique de justice. Il réclame vengeance.
Il a vu dans le regard du public qu'il avait réussi. Qu'il a su infléchir les épisodes spontanés du combat vers
l'image que le public se fait, et attendait, des grands thèmes de sa mythologie. Culte et Spectacle se rejoignent ici,
non dans la passion elle-même mais dans son image : image totale de défaite et de justice. Il se rapproche ainsi des dieux,
car il accomplit les gestes qui marque le bien et le mal. La justice devient enfin intelligible par les séries de compensations
que les deux hommes s'infligent. Elle incarne donc le corps d'une trangression possible ; c'est parce qu'il y a une Loi que le
spectacle des passions qui la submerge à tout son prix.
Nous voilà au coeur des arènes du cirque romain.
La lumière en nappe verticale ne laisse aucune ombre à terre, aucune allusion. Le corps y est présent de manière iconique,
sans matérialité, sans replis vers l'humanité. Le temps qui s'installe n'est pas construit de manière croissante.
Mais plutôt de façon cinématographique. Mais la défaite n'en détermine pas la fin. Non pas une issue mais au contraire bien une durée...
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